Nouveaux départs
J'ai réalisé que j'étais presque genevoise (prononcer jneuvoizz) quand, au nouvel an dernier, j'ai été invitée dans 3 chalets différents.
En arrivant ici, premier nouvel an, Julien et moi commençons à nous renseigner un peu à droite à gauche sur les possibilités d'incrustation (après à peine 6 mois sur place, on fait ce qu'on peut, hein). Là, quelle ne fût pas notre stupeur de réaliser que la plupart des copains du coin allaient déguster de la fondue en altitude, dans divers chalets...
On s'est sentis un peu pouilleux.
6 ans après, nous avons passé notre nouvel an dans un chalet.
Bon, pour être honnête, on a esquivé toutes les propositions sociales pour se terrer 4 jours tous les deux dans le chalet le plus confortable du monde et dormir toute la journée, vautrés au coin du feu comme des loques pour nous remettre de Lesvos.
Tout ça pour dire que Genève, c'est un peu notre chez-nous maintenant, mais on a décidé de la quitter.
La décision de partir était dans nos tiroirs depuis un moment déjà mais les détails ont mis du temps à se dessiner.
Julien et moi avons toujours un peu été des oiseaux migrateurs (mais des oiseaux cools hein, pas des pigeons - allez, des pélicans, j'ai toujours aimé les pélicans).
Après avoir bien découvert un endroit, on aime beaucoup aller construire notre nid ailleurs pour découvrir de nouveaux pays et d'autres cultures.
A propos de Porto
Nous partons à Porto, au Portugal!
Pourquoi Porto? C'est simple, après 6 hivers en moto à trembler de froid comme un whippet, à devoir essorer mes sous-vêtements trempés en arrivant à la maison et à faire la danse du soleil pour tenter de chasser la nappe de brouillard ambiant, j'avais besoin de chaleur.
Et puis je suis un animal marin et l'océan me fait de l'oeil (en vrai, je suis une méditerranéenne, et les grosses vagues de l'océan me terrifient... Mais j'aime les défis).
Entre autres critères, il nous fallait une ville accessible facilement en avion, de taille humaine, où le vin est bon et où on se sent bien.
Porto a gagné.
A propos de Genève
Quand on est arrivés ici, on nous a dit "Genève, vous allez voir, il faut quelques années pour l'apprivoiser". On a répondu "ouais ouais, bien sûr".
Sans blague! Les premières années ont été dures, les hivers gris comme une vieille couverture trouée, les étés serrés comme des sardines sur les plages du lac, les fortunes investies tous les mois pour une assurance maladie qui ne couvre rien, le vocabulaire suisse chelou, les vols de vélos, les feux de signalisation (comment, pourquoi???)...
Mais avec le temps, en effet, Genève s'est montrée plus accueillante, chaleureuse et surprenante. On a découvert le marché des grottes du jeudi, le dédale de Carouge, le Pachinko, les plages cachées, les sauts dans le Rhône, les baignades avec vue sur le Mont Blanc.. Ça va nous manquer!
Et puis, que de rencontres!!!
Genève incroyable qui mêle immigrants, locaux, français, Genève multiculturelle et accueillante, finalement on t'aime bien.
A propos du yoga
Surtout, Genève, pour moi, ça a été une transformation et beaucoup de changements.
Je suis arrivée ici ingénieure, j'en repars enseignante de yoga. Je suis arrivée énervée, lassée, je repars apaisée et sereine. Oh, je suis toujours indignée, mais plus calmement.
Je suis arrivée de Paris après quelques années qui m'ont épuisée. Un travail intéressant, mais du harcèlement moral, une ville géniale mais fatiguante.
Paradoxalement, c'est Genève l'austère qui m'a permis de me libérer. Depuis que je suis ici, j'ai laissé derrière moi les carcans des attentes sociales, j'ai abandonné des poids et contraintes qui m'étouffaient pour retrouver de l'espace.
Ces 4 années d'enseignement du yoga ont été incroyables! J'ai travaillé énormément pour devenir l'enseignante que j'aspire à être un jour, j'ai tout construit avec patience et j'ai appris beaucoup.
Maintenant, quand je vois la communauté de mes élèves, la communauté des yogi.ni.s de Genève qui m'entoure aussi, je m'y sens bien.
C'est à Genève, entourée des gens qui me sont précieux, que j'ai trouvé mon chemin, et je continue à y louvoyer avec un grand sourire.
La suite
Je pars sans savoir grand chose, mais ce qui est certain, c'est que je n'ai pas envie de tout abandonner derrière moi. Ni mes merveilleux amis, ni cette ville que j'ai appris à aimer, ni mes yogi.ni.s (oui, c'est les mieeeeeeens ;) )...
Donc je vais revenir tous les mois pour un TGIF (et parfois un atelier additionnel) et pour un autre projet dont je parlerai tout bientôt (j'ai hâte!!).
C'est un départ, mais ce n'est pas une fin.
Je vous fais des bisous, vous allez me manquer putain!
Photos: Sébastien Weil, Julien Lalande